dimanche 9 septembre 2012

Derrière des grilles de 2 mètres, la "coulée verte" niçoise ...

Lors de la campagne des municipales de 2008, nous avions lancé l'idée de supprimer les horreurs vieillissantes qui défiguraient le Paillon (parking, soit disant jardins suspendus, gare routière délabrée). Idée reprise par Christian Estrosi qui a ainsi lancé à grand fracas, l'opération "coulée verte".

Je citerai la prose officielle décrivant cette réalisation, car parfois le simple rappel des discours officiels peut être très cruel :
"Ainsi va naître au coeur de la ville, au dessus du Paillon, un parc urbain unique de 12 hectares,vaste coulée verte de 12 ha ..."
Elle sera " un moyen de réintroduire la nature dans la ville, de valoriser les espaces publics, une promenade verte offerte aux piétons et aux familles, et qui dégagera les façades des immeubles baroques de la vieille-ville en recréant un lien avec la ville nouvelle .... Ainsi un lien sera créé, il offrira la cohérence entre la géographie du fleuve et l’organisation urbaine qui s’est développée sur les deux rives : il faudra s’attacher en particulier à inclure le périmètre du projet dans une réflexion de façade à façade qui prenne en compte les relations entre les rues et les espaces publics en rives gauche et droite.»

Je savais que la municipalité avait décidé de clôturer. On avait répondu à mes questions par un "mais madame le soir on deale dans le parc Albert 1er". Ce à quoi j'avais répondu qu'une clôture ne ferait que déplacer le problème et priver les niçois comme les touristes, d'un parc bienvenu en été.
Ce qui m'a fait bondir récemment c'est le détail de la clôture de cette coulée.

La coulée verte niçoise "coulera", sur l'intégralité de son parcours, de l'Eglise du Voeu à la mer, entre deux murailles de grilles hautes de 2m10 ....

J'ai donc découvert récemment le détail de cette clôture : la totalité du parc sera fermée par d'immenses grilles de 2m10 de hauteur, dont les barreaux, peints en gris foncé, ne seront espacés que de 11 cm. Ce qui signifie que dès qu'on se tiendra un peu de biais par rapport à la clôture on aura une impression visuelle de mur continu. Et lorsqu'on se tiendra sur le
Boulevard Félix Faure, le lien visuel sur les façades du Vieux Nice ... risque d'être , comment dire, un peu hachuré.

Comme on ne peut empêcher la libre circulation sur les voies traversant la promenade, nos urbanistes ont alors fractionné la promenade en 4 tronçons fermés à chaque extrémité par des portails en tôle découpée. Drôle de coulée ....
Des portails pivotants sur un axe central seront installés de part et d'autre de chaque traverse routière, y compris la Place Masséna. Sur les plans ou esquisses ils me rappellent les portillons de départ d'un champ de courses hippiques. Fermés, ils boucheront irrémédiablement toute perspective paysagère à hauteur de regard ... à moins de mesurer plus de 2 mètres ...
3 énormes portails coulissants fermeront le jardin Albert 1er (2 au sud vers le monument, 1 au nord), avec des longueurs de respectivement 24, 24 et 41 mètres (en 2 ou 3 vantaux seulement !). Mêmes remarques pour la continuité visuelle. De plus cette débauche de portails implique une escouade de personnels chargés de les fermer et de les ouvrir.
Tous ces portails sont verrouillés par des systèmes électroniques perfectionnés. Mais comme les portails sont en tôle "artistiquement" découpée (style vagues de la mer...) , tout jeune un peu sportif pourra les escalader .... et je n'ose imaginer les problèmes posés en cas d'accident pour l'accès  de véhicules de secours aux zones clôturées.
 
Cette somptueuse idiotie coûte aux contribuables de la Métropole (eh oui, c'est la Métropole qui passe les marchés de la Coulée verte) près de 2 Millions d'euros, 5% du coût global (oui, la coulée verte coûtera 40 Millions). Auxquels il faudra ajouter des frais conséquents de maintenance, car ces grilles peintes résistent mal à la pollution et à l'air marin, et il faut les repeindre régulièrement, mais là ce sera le contribuable niçois qui paiera.

C'est vraiment l'art de transformer une bonne idée en un sommet du ridicule. Car enfin, quand on nous proclame qu'on veut faire de Nice la capitale verte de la Méditerranée et une nouvelle Barcelone, on peut franchement rigoler. Un seul de nos édiles est-il allé en Espagne vivre avec des espagnols ? Sait-il qu'à Barcelone, comme à Madrid, 20h30 est l'heure des tapas et de la promenade, le tout début de la soirée? à Nice on fermera au même moment les grille des jardins du centre ville !!! Frileusement, comme des petits vieux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Mariluz...
En effet, la Coulée Verte aura du mal à faire oublier, par exemple, les Ramblas de Barcelone...
J'espère qu'un jour pas trop lointain les électeurs et contribuables niçois se réveilleront et s'intéresseront davantage à ce que certains élus font en leur nom et avec leur argent.

Mari-Luz a dit…

C'est surtout très enrageant de dépenser de telles sommes pour une réalisation qui ne sera verte qu'à la marge. Le but réel est d'avoir des plateformes toujours prêtes pour de "l'évènementiel". C'est pour cela qu'il y a ces plans d'eau de très faible profondeur (4 cm) asséchables à volonté. Et les docs officiels se payent le ridicule de parler de "ripisylve" (biotope végétal des bords de rivière) à propos des deux bandelettes arborées qui borderont cette fameuse coulée.... gardarem lo moral