Lors du conseil du 21 Décembre, l'adjointe au développement durable présentait un bilan qui se voulait une démonstration de "Nice, ville Verte de la Méditerranée".
Volumineux rapport de 50 pages, que nous n'avons eu en version définitive que la veille du conseil. Essentiellement une lourde compilation de tout ce qui a été fait et de tout ce qui va être fait
Ayant été citée plusieurs fois lors de la présentation du rapport en commission permanente et interloquée par tant de peinture verte, je suis intervenue - au grand déplaisir de l'adjointe et du maire qui ont déploré ma "mauvaise foi". Le prochain conseil j'apporterai un miroir et le leur tendrai ...
La fin de l'intervention se voulait aussi un clin d'oeil à RESF et ses militants admirables avec lesquels j'ai participé au 200ème cercle de silence ce mardi
Retranscription de l'intervention :
"Tout d’abord je tiens à acter la quantité et la qualité du travail accompli et je ne renie en aucun cas ma participation à quelques uns des progrès accomplis.
Tout particulièrement en matière d’achats durables nous avons beaucoup progressé et quand je dis nous ce sont les services, depuis les grands directeurs jusqu’aux exécutants qu’il faut vivement féliciter. Je ne citerai qu’un exemple : lors du lancement des marchés de travaux de la reconstruction de la gare du Sud, une note de 20 pages détaillant les clauses environnementales – donc des clauses obligatoires – accompagnait le cahier des charges et ce document a été téléchargé pour consultation par plus de 120 entités dont par exemple des lycées professionnels.
J’applaudis aussi la reprise en régie des cantines scolaires, véritable prouesse technique des services, mais cruel révélateur du manque d’agriculture maraichère locale et bio.
Mais qui aime bien, critique bien et tout au long du très, trop, long document qui nous est soumis, j’ai relevé des points qui m’interpellent.
Il y a beaucoup d’effets d’annonce sur des actions à venir, alors que ce rapport est un état des lieux. Je citerai :
- La qualification de poumon vert de la coulée verte, qui certes inclura des espaces verts, mais si policés et mesurés que le terme de poumon me parait bien abusif.
- Les louanges sur le PCET, enfin lancé mais encore embryonnaire, et pour lequel la méthodologie d’une réelle concertation publique reste à établir
- L’annonce des terminus à la Trinité et à Riquier des lignes de tram totalement virtuels pour l’instant, ainsi que la proclamation d’un espacement à 400m des stations alors que certaines sont prévues avec un espacement de 900m
Mais ce qui me gêne aussi ce sont les incohérences entre les bonnes intentions proclamées et la réalité des faits.
Là aussi je m’en tiendrai à deux exemples d’aménagement urbain, même si parfois leur réalisation est dorénavant du ressort de NCA :
- Malgré des demandes réitérées ici, la rénovation des rues et du Port continue à être réalisée en fonction d’une charte graphique absurde, en basalte gris éléphant lequel transforme la ville en four solaire tout l’été, et n’est achetable qu’en Chine. Le contr’exemple parfait d’un achat et d’un aménagement durables.
- Malgré aussi mes réserves et au nom d’une économie d’arrosage, les services ont posé des centaines de m2 de gazon synthétique sur les terrains de sport. Et c’est à mon avis (mais pas que le mien) une vraie fausse bonne idée. Si on prend en compte les matériaux, leur production, leur évolution dans le temps.
Mais mes réserves les plus fortes concernent le volet social de ce bilan.
Nous sommes dans un territoire où les injustices et les différences s’expriment très fortement. Les Alpes maritimes sont un des départements de France où les inégalités de revenus sont les plus élevées.
Elles sont malheureusement amplifiées par une carence de logements sociaux que les efforts de cette mandature ne suffisent pas à combler. D’autant plus que nous sommes sur un renversement de logique puisque pour éviter de payer des pénalités de la loi SRU nous cédons du foncier avec une moins value. (Note explicative : la loi permet en effet de déduire des pénalités ce type de cession, c'est proprement scandaleux)
Et en ce qui concerne les pauvres parmi les pauvres : les immigrés, les demandeurs d’asile en attente de régularisation, nous sommes dans une situation indigne. Et pour une ancienne universitaire tout ce qui manquait est la dernière loi qui renvoie chez eux des étudiants ayant achevé leur parcours universitaire. J’avais ainsi dans mon bureau la semaine dernière un étudiant africain, titulaire d’un master sur le management environnemental de l’eau, qui avait trouvé un travail d’attente dans un collège et que la préfecture a fait chasser de son travail. Eh bien pour moi, fille d’immigré, c’est une intolérable injustice et une énorme bêtise. Nous avons besoin de jeunes, brillants et formés dans nos universités, et nous les humilions et les chassons, et nous sommes passibles de poursuites si nous leur tendons la main.
Alors non, nous ne pouvons nous glorifier du volet social de ce bilan.
En conclusion, comme je l’ai dit au début de cette intervention, oui la ville fait des efforts, mais je reste très réservée sur le bilan global.
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