Je participais ce soir au cercle de silence de RESF. Comme il pleuvait dru sur la Place Masséna, nous avons fait une double haie de silence le long des arcades des Galeries. Sous l'oeil de la caméra de "vidéoprotection" (sic) des militants ont joué l'enlèvement d'une petite fille par les forces de police ... émotion palpable car malheureusement cette séquence s'est répétée "pour de vrai" dans beaucoup d'écoles et seules des mobilisations intenses ont pu empêcher une véritable déportation de ces enfants et permis de les rendre à leurs familles.
Cette saynète m'a irrésistiblement rappelé une autre scène de la semaine dernière. Le Conseil général célébrait dans les salons du Palais des rois Sardes, la publication d'un petit livre écrit par un ancien résistant et déporté à Auschwitz, Charles Gottlieb. J'ai fait sa connaissance et apprécié sa force de caractère lors d'un "voyage de la mémoire" organisé pour les collégiens au camp d' Auschwitz-Birkenau. Après le pompeux discours officiel, quatre collégiens ont lu un très beau poème à la mémoire d'une petite fille, Emilie. Emilie était juive et ne savait pas que pour certains, cela la rendait indésirable en France, pire, indigne de vivre. Elle fut enlevée dans sa salle de classe, en France, et expédiée, seule, dans les camps.Y-a-t-il une différence fondamentale entre ce drame des années noires et les épisodes lamentables qui ont mobilisé RESF toute l'année : ces enfants qu'on est venu chercher dans les écoles et qu'on a placé en centre de rétention, séparés de leurs familles, ces expulsions massives de ROMS qui n'ont d'autre tort que d'être eux mêmes ? A mon sens non. Nous sommes en train de glisser vers un système de gouvernance qui attise la xénophobie, la haine des autres, qui supprime l'un après l'autre tous les acquis sociaux de l'après guerre.
Merci à RESF qui nous aide à garder la capacité de nous indigner.
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