La semaine dernière, un compagnon de lutte(s), Guy MARIMOT, nous a quitté. Sa fin a été très soudaine. Je lui avais longuement parlé en fin de matinée, joyeusement, car nous célébrions l'attribution de la 5ème place sur la liste des régionales, d'un militant exemplaire de l'agriculture biologique. Le soir sa voix s'était tue. Lors de ses obsèques j'ai prononcé pour les Verts une petite allocution que je retranscris :
"Guy tu n’aurait jamais dû partir comme ça. Juste maintenant que tout recommence. Pour moi c’était une force de la nature, là dans son fauteuil et il pouvait être impressionnant et séducteur, mariant avec un art consommé au fil de la conversation une géniale convivialité et des coups de gueule qui portaient. Parler avec lui, les bons jours, était un régal car il partageait volontiers son immense culture politique, et sa vivacité intellectuelle, son avidité de nouveaux savoirs amenait toujours à progresser. Dois je résumer son cheminement politique ? Il est tellement foisonnant que ce sera forcément incomplet. C’est le fil conducteur qui importe ici. Le fil qui a amené un militant de gauche, capable de traduire dans sa vie ses engagements par dix ans d’enseignement en Asie du Sud Est, jusqu'à la fondation du parti les Verts en 1984. Comme pour tous les vieux militants de ce jeune parti , l’aventure a commencé dans les luttes locales contre les centrales nucléaires, les pollutions des côtes, au sein d’associations comme les Amis de la terre et s’est cristallisée de façon intermittente autour des candidatures de René Dumont puis de Brice Lalonde. Les différentes tendances existantes décident de fusionner lors du congrès fondateur de Clichy en 1984. Parmi les membres fondateurs vous connaissez Yves Cochet, Didier Anger, Ghislain Nicaise et bien sûr Guy Marimot qui sera successivement porteparole national, et secrétaire national en 89, et secrétaire régional PACA. J’aime rappeler aujourd’hui que les élections européennes de 1984 sont conduites par une liste qui s’intitule « Les Verts Europe Ecologie ». Et que c’est la première élection après laquelle le parti se pérennise. Espérons que c’est de bonne augure. Les Verts ont beaucoup évolué depuis la création. Une étape décisive a été de renoncer à une fausse neutralité. J’ai eu longtemps à la maison une affiche de Brice, dessiné par lui même et qui proclamait : « de gauche ne daigne, de droite ne puis, écologiste suis ». Cette posture du ni-ni a été abandonnée en 93 et le parti est devenu porteur d’un projet infiniment plus riche en s’inscrivant dans le camp de la transformation écologique et sociale. Guy a accompagné toutes ces évolutions avec un enthousiasme et une pertinence jamais démentis. Je ne l’ai personnellement accompagné qu’à partir de 1995, lors de son premier mandat de conseiller municipal. Quand ma retraite m’a permis de consacrer du temps aux Verts c’est lui qui m’a demandé de me lancer dans l’aventure des municipales de 2001. Je peux donc témoigner de son intense activité et bien sur le remercier car cette aventure municipale s’est révélée incroyablement enrichissante. Pendant tout ce premier mandat il a réussi à faire parvenir des compte-rendu de mandat à plus de mille électeurs. Son intervention a été déterminante dans le choix du tramway et surtout du tramway sur rail lors de son premier mandat. Lorsque nous nous sommes retrouvés 3 conseillers Verts en mars 2001, le rôle de mentor de Guy nous a été d’un grand secours. Nos propositions, interventions ont pris beaucoup plus de force même si sous Peyrat l’opposition était réduite à de la figuration. Guy a mené ce dernier mandat jusqu’au bout malgré de sérieux problèmes de santé qu’il a subis dans la discrétion et sans cesser de militer. Je tiens à souligner qu’à côté de la défense de l’environnement, de la démocratie participative, de la lutte contre les corruptions, il militait sans cesse pour une gouvernance qui prenne pleinement et concrètement en compte les situations de handicap. J’entends encore une intervention où il nous a expliqué magistralement que le handicap n’existait dans une ville que si nous le faisons exister, que par des mesures simples on pouvait adapter la ville si bien que le handicap s’effaçait . Même le maire eut l’œil humide… mais ne fit rien. Je dois remercier Guy de m’avoir ouvert les yeux sur toute cette partie de la politique sociale que nous devons mener, nous les Verts, de façon exemplaire. Ses enseignements me servent constamment pendant ce mandat, et ils ont porté aussi sur beaucoup d’autres personnes. Ne souhaitant pas participer à une liste d’union PS.Verts, Guy n’a pas renouvelé son mandat de Conseiller municipal. Mais militant dans l’âme il s’est ré-engagé doublement. Il siégeait actuellement au titre des associations de défense de l’environnement, en tant que fondateur de Vert l’Avenir, au Conseil communal consultatif où il animait avec talent et conviction la commission du développement durable. Lundi soir, deux heures avant sa fin, il avait tenu à téléphoner au directeur général pour s’excuser de son absence. Parallèlement il s’était investi avec passion dans la construction de la deuxième version d’Europe Ecologie. Il était profondément convaincu de l’urgence et de l’importance du rassemblement des écologistes d’horizons divers, et de la nécessité d’une écologie politique autonome face aux partis traditionnels. Il a été l’un des artisans du succès de juin 2009. Espérons que l’histoire – qui se répète ici – lui donnera raison. Je terminerai en reprenant les termes de Pitou: «On croit toujours qu'on a le temps... Que demain on dira "merci". Nous ne lui avons pas assez dit merci. A Murielle qui a toujours partagé le même engagement nous disons aujourd'hui merci. Merci Murielle et reprenons le flambeau tous ensemble."
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