lundi 28 septembre 2009

Port de Nice : on va marcher sur la Chine


Tous les élus, présidents d’associations et quelques autres, ont reçu récemment un luxueux carton d’invitation à assister le vendredi 2 Octobre au lancement des travaux de réhabilitation du port de Nice.

Le carton est illustré par des reconstitutions en couleur des quais Lunel et Pappacino après travaux. On peut donc « admirer » les trottoirs-terrasses refaits, la voie de circulation automobile réduite et une belle piste cyclable le long de chaque quai. Rien de très discutable sur le principe, si ce n’est que comme nous l’avions dénoncé lors des concertations publiques, on en est à de la cosmétique de surface et qu’un projet global de tout le quartier incluant une ligne 2 du tram reste à définir.

Mais le détail qui est inacceptable c’est la nature du revêtement des trottoirs et pistes cyclables. On peut voir sur les photos que comme dans le centre ville et toutes les places le long de la ligne 1 du tram : trottoirs et pistes sont dallés de gris foncé.

C’est une erreur d’aménagement climatique. En plein soleil ce revêtement emmagasine puis dégage beaucoup de chaleur spécialement dans cet environnement minéral et sans arbres.

C’est à mon avis une erreur esthétique. Nice, ville du Sud, dont les peintres ont célébré la lumière et les couleurs, est devenue une ville grise. Tout le contraire des beaux tons ocre clair de Nîmes, Montpellier dont les centres anciens ont été si bien mis en valeur.

C’est aussi et surtout un formidable démenti aux déclarations permanentes de nos édiles sur « Nice modèle de développement durable ». Car ces dalles, sont décrites de façon telle par les urbanistes de la ville que seul convient un type de basalte gris en provenance de Chine. Le sacro saint principe de la libre concurrence est respecté dans les marchés par un tour de passe-passe : un grossiste importe les pierres et les vend aux entreprises qui feront leurs offres à la ville.

On nous amuse ces jours ci avec une présentation dévoyée de la Contribution Climat énergie en la baptisant taxe carbone. Et en même temps il est possible à la 5ème ville de France de daller ses rues avec des pierres acheminées de Chine par cargo puis camion (combien de tonnes de CO2 représente le dallage d’une rue ?)

On va organiser à la mairie une formation des personnels pour les inciter à créer des clauses d’insertion sociale dans les marchés et parallèlement on importe des tonnes de matériaux extraits en Chine dans de conditions que l’on n’ose imaginer.

Où est la cohérence ? le souci de développement durable. J’ai demandé plusieurs fois en Conseil que l’on renonce à cette « charte graphique » imposée par des urbanistes peu soucieux de développement durable mais le résultat est là. Les quais du port de Nice seront gris et chauds, et auront coûté des tonnes inutiles de CO2.

3 commentaires:

Jef a dit…

Bienvenue sur les blogs.

Mari-Luz a dit…

Doublement merci Jef. C'est maintenant que j'apprécie à sa juste valeur ta production quotidienne, documentée, variée, vivante.
Ici ce sera plutôt les réactions au fil des évènements ici et ailleurs.

fabrice a dit…

Je pense que le projet manque d'ambition. Nous assistons comme tu le dis à un lifting : il ne s'agit que de refaire quelques trottoirs, le marquage au sol et y placer du mobilier urbain.
Qu'en est-il des plans de circulation ? A quoi ça sert de faire ce réaménagement si rien n’est prévu pour réguler le trafic. Comment redonner cet espace aux Niçois ?
Si la mairie avait été ambitieuse elle aurait associé le quai des états unis au projet ainsi que la place Garibaldi en réaménageant Cassini.
- fermeture du quai des états unis à la circulation car au vue des changements de flux de circulations engendrés par le tram, cet axe est devenu inutile à la desserte du Port.
- Zone 30 km:h sur les quais ouest afin de rendre tout l'espace aux piétons et permettre la desserte locale en VL.
- Travailler la liaison entre Ile de beauté qui est la porte sur la mer et la place Garibaldi qui est la porte continentale, comme cela avait été à l'origine prévu par le Consiglio d'Ornato.
Mais tout cela n'est pas nouveau, ces idées je les ai puisé dans le Schéma Directeur de la Ville de Nice qui date de 1995. Ce document est, à mon avis, le dernier document de référence de l'urbanisme niçois dans la droite ligne du Consiglio d'Ornato et du plan Cornudet